dimanche 22 juin 2014

Ed O'Bannon vs NCAA : le résumé de la 2e semaine d'audiences

La NCAA monte au créneau et promet la fin du monde !



La 2e semaine d'audiences au procès Ed O'Bannon contre la NCAA a été consacrée aux auditions des pontes de la NCAA. Rappelons qu'Ed O'Bannon, ancienne star d'UCLA et de la NBA, ainsi qu'une trentaine d'anciens joueurs universitaires réclament à la NCAA une rémunération pour l'utilisation de leur nom et de leur image qui génèrent des revenus exponentiels de l'institution du sport universitaire américain sans que les principaux intéressés, les joueurs, n'en voient un seul cent.
Mark Emmert (photo), président de la NCAA, a longuement témoigné cette semaine. Il a été mis en difficulté par l'avocat des plaignants lorsque ce dernier a présenté à la Cour une série d'e-mails d'un important responsable de l'institution, Wallace Renfro, avertissant que la structure de base de la NCAA devait profondément être revue en faisant référence à "l'exploitation commerciale des étudiants athlètes ". Son départ forcé en 2012, à la lumière de la situation actuelle, sonne comme le glas des illusions que la NCAA aurait aimé perpétuer. Malgré cela , le président de la NCAA a semblé tenter de baisser la garde en admettant qu'il fallait repenser un certain nombre de règles de fonctionnement sans autre précision. La NCAA appartient à ses membres et eux seuls ont le pouvoir d'en changer les règles. Cet argument a été beaucoup utilisé cette semaine pour faire valoir l'expression populaire "circulez, il n'y a rien à voir !".

Si Mark Emmert a semblé faire profil bas à certains moments, il n'en a pas été de même avec Jim Delany, le tout puissant commissionner de la Big Ten, conférence reine du football US. Il a carrément menacé qu'il n'y aurait plus de Rose Bowl, une des rencontres les plus suivies de la saison et les plus emblématiques car ayant lieu le 1er janvier, si les athlètes étaient payés. Sa conférence aurait implosé, victime du déséquilibre entre universités riches et universités pauvres.Il a justifié que les 230 millions annuels perçus par la conférence en droits télé allaient aux universités pour leur programme sportif et leur système éducatif. En revanche, certains de ses arguments pourraient faire plus de tort à la NCAA qu'aux plaignants. Il a admis que les étudiants athlètes devraient bénéficier un statut particulier compte tenu du temps passé à s'entraîner et à jouer qui les empêche d'étudier correctement. Les observateurs ont relevé qu'implicitement, le commissionner de la Big Ten avait appelé la NCAA à se réformer.

Là où les défenseurs de la NCAA jouent avec le feu, c'est lorsqu'ils argumentent que l'institution permet de structurer l'ensemble des 1281 universités et que sans elle, les universités les plus riches le seraient encore plus et que les plus pauvres s'appauvriraient encore plus. Admettre que quelques universités génèrent la quasi totalité des recettes est dangereux en soi. Nous avions déjà évoqué la tentation de certains de créer une super conférence ou une super ligue, constituée des conférences les plus riches. Ce risque de sécession ne va pas se restreindre avec l'engouement toujours croissant que connait le sport universitaire.

Le procès devrait se poursuivre encore une semaine avant que la juge Claudia Wilken mette le jugement en délibéré. Ce jugement devrait être un rendu sous forme d'une injonction. Mais la NCAA a déjà prévenu : elle userait de tous les recours, y compris la Cour Suprême ! pour casser le jugement s'il lui était défavorable. De quoi gagner encore quelques années avant de voir changer les choses...

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