lundi 30 juin 2014

Fin du procès Ed O' Bannon vs NCAA

Les négociations vont bon train alors que les audiences du procès sont terminées




"Un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès". Il semble que cet adage soit toujours de mise lorsqu'on analyse la dernière semaine du procès intenté par Ed O'Bannon à la NCAA pour rien moins que la rémunération des joueurs universitaires et leur droit à l'image. En effet, les plaignants ont proposé un certain nombre d'ouvertures dans leur plainte qui ressemble à des négociations de ce que seraient les relations entre la NCAA et les joueurs universitaires dans le cas où le procès était gagné par les plaignants. Ces derniers, analysant que les avocats de la NCAA allaient user de tous les recours possibles et que cela prendrait des années pour une issue incertaine, ont changé de stratégie en proposant des mesures concrètes. Histoire aussi d'influencer la juge Wilken qui, si elle donnait raison aux joueurs, pourrait disposer d'un arsenal de mesures afin d'éviter le chaos dans lequel le sport universitaire risquait de tomber dans le cas d'une décision favorable aux joueurs. Parmi les propositions figure la mise en place d'un système de comptes bancaires bloqués jusqu'à la fin de la scolarité de l'étudiant athlète. Tout cela ressemble à des négociations afin d'assouplir la position de la NCAA tout en lui laissant une porte de sortie acceptable. Le vent du changement est en train de souffler sur la NCAA et l'inéluctable est proche : le passage au XXIe siècle de cette institution qui se prétend "bénévole" !
La verdict devrait intervenir dans quelques semaines, probablement à l'automne.

dimanche 22 juin 2014

Ed O'Bannon vs NCAA : le résumé de la 2e semaine d'audiences

La NCAA monte au créneau et promet la fin du monde !



La 2e semaine d'audiences au procès Ed O'Bannon contre la NCAA a été consacrée aux auditions des pontes de la NCAA. Rappelons qu'Ed O'Bannon, ancienne star d'UCLA et de la NBA, ainsi qu'une trentaine d'anciens joueurs universitaires réclament à la NCAA une rémunération pour l'utilisation de leur nom et de leur image qui génèrent des revenus exponentiels de l'institution du sport universitaire américain sans que les principaux intéressés, les joueurs, n'en voient un seul cent.
Mark Emmert (photo), président de la NCAA, a longuement témoigné cette semaine. Il a été mis en difficulté par l'avocat des plaignants lorsque ce dernier a présenté à la Cour une série d'e-mails d'un important responsable de l'institution, Wallace Renfro, avertissant que la structure de base de la NCAA devait profondément être revue en faisant référence à "l'exploitation commerciale des étudiants athlètes ". Son départ forcé en 2012, à la lumière de la situation actuelle, sonne comme le glas des illusions que la NCAA aurait aimé perpétuer. Malgré cela , le président de la NCAA a semblé tenter de baisser la garde en admettant qu'il fallait repenser un certain nombre de règles de fonctionnement sans autre précision. La NCAA appartient à ses membres et eux seuls ont le pouvoir d'en changer les règles. Cet argument a été beaucoup utilisé cette semaine pour faire valoir l'expression populaire "circulez, il n'y a rien à voir !".

Si Mark Emmert a semblé faire profil bas à certains moments, il n'en a pas été de même avec Jim Delany, le tout puissant commissionner de la Big Ten, conférence reine du football US. Il a carrément menacé qu'il n'y aurait plus de Rose Bowl, une des rencontres les plus suivies de la saison et les plus emblématiques car ayant lieu le 1er janvier, si les athlètes étaient payés. Sa conférence aurait implosé, victime du déséquilibre entre universités riches et universités pauvres.Il a justifié que les 230 millions annuels perçus par la conférence en droits télé allaient aux universités pour leur programme sportif et leur système éducatif. En revanche, certains de ses arguments pourraient faire plus de tort à la NCAA qu'aux plaignants. Il a admis que les étudiants athlètes devraient bénéficier un statut particulier compte tenu du temps passé à s'entraîner et à jouer qui les empêche d'étudier correctement. Les observateurs ont relevé qu'implicitement, le commissionner de la Big Ten avait appelé la NCAA à se réformer.

Là où les défenseurs de la NCAA jouent avec le feu, c'est lorsqu'ils argumentent que l'institution permet de structurer l'ensemble des 1281 universités et que sans elle, les universités les plus riches le seraient encore plus et que les plus pauvres s'appauvriraient encore plus. Admettre que quelques universités génèrent la quasi totalité des recettes est dangereux en soi. Nous avions déjà évoqué la tentation de certains de créer une super conférence ou une super ligue, constituée des conférences les plus riches. Ce risque de sécession ne va pas se restreindre avec l'engouement toujours croissant que connait le sport universitaire.

Le procès devrait se poursuivre encore une semaine avant que la juge Claudia Wilken mette le jugement en délibéré. Ce jugement devrait être un rendu sous forme d'une injonction. Mais la NCAA a déjà prévenu : elle userait de tous les recours, y compris la Cour Suprême ! pour casser le jugement s'il lui était défavorable. De quoi gagner encore quelques années avant de voir changer les choses...

dimanche 15 juin 2014

Procès Ed O'Bannon contre la NCAA : le résumé de la première semaine

Argent : le maître mot de cette première semaine



Ed O' Bannon, l'homme qui ose défier la toute puissante NCAA, a gagné la première manche : la tenue d'un procès retentissant que l'institution du sport universitaire américain (donc amateur en théorie), a cherché à éviter par tous les artifices juridiques possibles. Depuis le 9 juin donc, les deux parties s'opposent sur le principe de la redistribution de revenus des deux principaux sports : le basketball et le football US. L'enjeu est de taille, la saison 2012-13 a rapporté 4,5 milliards de dollars de revenus aux universités. Les joueurs veulent leur part du gâteau. Les avocats de la NCAA promettent l'écroulement de tout le système si les joueurs obtenaient gain de cause. Dans cette logique, les joueurs de Little League, le championnat de baseball des minimes (âgés de 12 ans), largement couvert médiatiquement, devraient toucher une part des recettes. Impensable !
Les experts de tous bords de sont succédé à la barre. Daniel Rascher, économiste du sport, est venu démontrer que 65 programmes de football américain génèrent un bénéfice cumulé de 1,3 milliard de dollars. L'université de Texas génère à elle seule 81 millions de bénéfices avec une marge bénéficiaire de 70% ! Les revenus des sports universitaires croissent de manière exponentielle : contrats télés, salaires des coachs et personnel de la fac, retombées financières pour la fac via les donateurs, jeux vidéos EA Sports,etc...
Suite du procès la semaine prochaine...